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Roux – de Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel

Maia / 11.03.2019


Le Musée Henner, maison et atelier du peintre français (1829-1905) très apprécié de son vivant, ouvre ses portes au public avec une nouvelle exposition qui lie la peinture de ce portraitiste et paysagiste à l’univers contemporain de la mode. Les trois étages entiers de la maison, depuis le vaste salon au rez-de-chaussée jusqu’à l’atelier haut de cinq ou six mètres sous une verrière, sont accessibles et investis par l’exposition. Nous déambulons dans l’intérieur raffiné de l’hôtel particulier bourgeois fin-de-siècle. Partout, la lumière pénètre à travers des lucarnes et des baies vitrées, réfléchie par des glaces ; astuces architecturales pour illuminer et agrandir l’espace. A souligner, les détails décoratifs sous la forme de balustrades sculptées, d’arcs, de caissons, de fenêtres ajourées – miroirs orientaux en bois -, de vitraux, de murs colorés.


Les portraits réunis témoignent d’une singulière obsession de l’artiste pour les roux. Cette propension esthétique n’est pas en contradiction avec le goût de l’époque. Citons les préraphaélites, Gustave Courbet épris de son modèle, une belle irlandaise, Edvard Munch. La chevelure flamboyante marque une forte sensualité qui s’associe depuis toujours à la femme sulfureuse, souvent prostituée. Mais la prédilection de Henner pour cette couleur va jusqu’à peindre… un Christ roux dans son tombeau. L’un de ses plus beaux nus féminins représente une femme langoureuse en train de lire, étendue sur une fourrure (La femme qui lit/ La liseuse, 1883) où le somptueux corps blanc se fond dans un environnement obscur, l’ombre de la nuit. De Renoir, Maxence, Maurin, Carlous-Durant et Corot jusqu’aux créations de Sonia Rykiel, la chevelure rousse s’affiche comme l’emblème de la sensualité, du style moderne et de l’émancipation. Un film documentaire présenté dans le salon du rez-de-chaussée commente ce choix et les parentés avec la sensibilité d’aujourd’hui.

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On reconnaît chez Henner l’influence du symbolisme et le réalisme à la mode de son temps, ce qui explique sa popularité : parmi quatre cents portraits du peintre, beaucoup sont des commandes, de nombreux ayant été exposés chaque année au Salon.

Un étage entier est consacré à son voyage en Italie. En 1858, Henner remporte le Grand Prix de Rome, il séjourne donc pendant cinq ans à la Villa Médicis. Il reste de ce séjour plusieurs copies de maîtres anciens, d’après Giotto, Carpaccio, des fresques de Pompéi.

Une partie importante de son œuvre est consacrée à son Alsace natale. Issu d’une famille de cultivateurs aisés, l’artiste s’exerce à l’art du portrait à partir de sa nombreuse fratrie, puis peint des paysages et des scènes de genre qui ressemblent à celles de Courbet.

Le motif des roux revient même dans ses dessins au crayon où des taches vives sanguines contrastent avec des traits noirs.

Les mannequins et les dessins signés Jean-Paul Gautier, Maison Margiela et Jean-Charles de Castelbajac en honneur de Sonia Rykiel, prévus pour le défilé de 2009, qui magnifient la chevelure rousse de la styliste, font écho, avec les masques de Nouvelle-Guinée, à l’idéal de la beauté du peintre.

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L’ensemble paraît cohérent dans ce dialogue entre époques autour d’un seul motif ; un concept original qui s’inscrit bien, malgré tout, dans la peinture académique de Henner. Et malgré ces contrastes, il y a l’unité et l’harmonie comme dans le climat rassurant de cette maison-atelier faite d’élément hétéroclites. Une contradiction ? Non… Il suffit de rappeler la somptueuse et angélique liseuse, parfaitement calme mais qui éveille un diabolique désir par ses opulents cheveux roux.

 

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